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Photographie publicitaire : MOF photographie industrielle sujet 2

Photographie publicitaire : sujet 2

2. Publicité – Format horizontal – couleur en extérieur

Les candidats doivent photographier pour un catalogue de maison individuelle, une famille en extérieur de nuit mangeant sur une terrasse.

Un travail de photographie publicitaire pur et dur avec modèles, intervenants et contrainte de temps.

Photographie publicitaire : MOF photographie industrielle sujet 2

Travail préparatoire du sujet photographie publicitaire :

Le sujet du catalogue de maison individuelle fut le premier à être réalisé. Le créneau de « vrai beau temps assuré » étant très variable dans ma région m’a contraint·e à une fenêtre de temps restreinte. En effet, une prise de vue trop tard dans la saison et l’herbe et les arbustes auraient été jaunis et desséchés. À l’inverse, réaliser le visuel trop tôt nous aurait fait courir des risques importants d’un point de vue météo et nous aurions eu un coucher de soleil bien trop rapide.
Tout l’enjeu pour moi était de travailler avec un ciel de nuit tout juste tombée, comportant des nuances colorées esthétiques et suffisamment de lumière artificielle pour faire de la maison un écrin lumineux et protecteur à proximité de mes modèles.

Le scénario est le suivant : la famille est en plein repas estival qui s’est étiré jusque tard. Le parasol est resté ouvert malgré le soleil couché depuis quelques temps. Le père amène le dessert. Les enfants piaffent d’impatience et les échanges de regards entre les membres de la famille sont remplis de douceur. Le point de vue est quasiment celui d’un membre de la famille « fantôme » qui aurait reculé un peu sur sa chaise pour embrasser la scène dans sa globalité.

La maison devait être un bien dimensionnée pour une famille « moyenne » (3 à 5 personnes) et ne pas entrer dans la catégorie des créations d’architectes sur-mesure (et dont la vente sur catalogue est peu probable). Après avoir interrogé mon réseau et notamment des architectes avec qui j’avais eu l’occasion de travailler, aucune maison n’était disponible ou répondait à ma recherche. J’optai donc finalement pour une maison trouvée grâce à un site de réservation en ligne et dont les lignes contemporaines me plaisaient. Après quelques explications sur ma démarche, le propriétaire accepta de me louer son bien pour y réaliser la photographie.
La vie pimentant bien les choses, le bien était loué dès le lendemain de notre prise de vue. Nous avions donc à réaliser un rangement des plus minutieux dans la foulée du shooting.

Prise de vue :

La prise de vue nous amena de multiples contraintes :
• le temps de prise de vue restreint, même en considérant la réalisation d’une photographie par composition numérique,
• la présence d’enfants devant être tenus éveillés relativement tardivement,
• la location onéreuse et limitée dans le temps.

N’ayant pu réaliser de repérage hormis au travers des photographies de smartphone reçues en amont de la location, nous sommes arrivé·e·s tôt dans l’après-midi avec mon associé afin de décharger le matériel et de tout mettre en place avec de l’avance. Le styliste avec lequel nous travaillons régulièrement avait tout préparé dans des sacs pour que l’installation soit facilitée. Ce dernier ne pouvant être avec nous pour raisons personnelles, nous avions échangé en amont pour prévoir la mise en place et que le rendu soit conforme à notre scénario.

Notre maquilleuse est arrivée en fin de journée, suivie de peu par nos modèles. La famille que nous avions recrutée pour l’occasion était celle d’une modèle photo avec qui nous travaillons depuis longtemps en publicité. Ainsi, nous avions déjà pu rencontrer son fils lors d’un tournage et nous rencontrions ce jour-là le reste de la famille : son partenaire et la fille de ce dernier.

Le maquillage démarra directement, ainsi que la sélection des tenues amenées par les modèles. Pendant ce temps, l’installation et le réglages des sources de lumière continua.

Technique :

Le boitier moyen-format Hasselblad H5D40 est équipé d’un 35mm. Il est fermé à f/22 pour avoir une plage de netteté importante sur l’ensemble de la famille et garder les arrière-plans, même lointains, suffisamment nets et définis.
Dans la pièce cubique de l’arrière-plan, un générateur de forte puissance vient éclairer assez haut et orienté légèrement vers le plafond. C’est lui qui sert de déclencheur principal à toutes les autres sources. En effet, deux marques cohabitent et c’est 8 sources en tout qui doivent toutes être synchrones. Son éclair va simuler la lumière de la pièce et éclairer vers le jardin.
Deux flashs avec des filtres de correction ½ CTO viennent éclairer la table et renforcer l’ambiance « lumière des bougies ». Le premier est orienté vers la table, le second pointe plus haut pour déboucher un peu le parasol.
Le père est éclairé par une stripbox de 50x130cm avec une grille nid d’abeille. Cette source vient simuler la lumière de l’applique extérieure à côté de lui. La grille nous permet de contrôler le flux vers lui sans éclairer le sol, le mur ou son fils en face.
Une octobox de 190cm vient déboucher les ombres de toute la zone table/famille.
Deux sources sont placées dans les deux baies vitrées derrière le père, elles produisent de belles lignes de lumière chaleureuse dont la plus proche de nous vient éclairer le père et le découper du fond.
Enfin, une source vient raser la petite fille qui sinon serait en retrait, comme venant d’une source de lumière hors champ derrière la haie de lavande qui protège la mère. Pour celle-ci, j’ai fait usage d’un bout de foil noir pour modeler un coupe flux sur mesure et amener une lueur proche d’une nuit de pleine lune. Ainsi la petite se détache correctement de son environnement.

Pour réaliser les différentes couches de ma photographie finale, j’ai déclenché en concentrant mon énergie sur chacun des membres de la famille, photo après photo. Je savais par expérience qu’il me serait difficile de produire une photo parfaite de tout le monde en une passe dans un laps de temps aussi court.

Pour faciliter le travail de post-production, j’ai opté pour un trépied lourd (un très vieux Gitzo à crémaillère, extrêmement stable) : en déclenchant via Phocus, le logiciel Hasselblad, sur l’ordinateur, j’enlevais tout risque de mouvement entre deux plans. Le miroir était bloqué en position haute pour éviter les vibrations car les poses étaient en moyenne de 1/15e de seconde à ISO 200 et f/22.

Traitement et retouche numérique :

Le travail de retouche numérique fut long et méticuleux. En effet, sept photographies sont liées ici.

Le fond est une pose longue qui permet de récupérer les informations dans les zones non éclairées par les flashs.
Le ciel est un visuel réalisé au tout début de la prise de vue alors que le ciel présentait les meilleures nuances de couleurs.
Une variation faite avec un temps de pose plus rapide vient récupérer les hautes lumières sur les deux appliques de la façade.
Viennent ensuite la table, le fils tourné et le sol de la terrasse.
La mère et les jambes du fils (mieux positionnées sur cette vue)
À ce niveau là du projet, les calques sont tous mêlés les uns aux autres par l’usage de masques de fusion.
Un calque de réglage vient équilibrer les teintes. En effet, les Style RX ont un éclair plus bleuté que les autres sources de la scène et devaient être corrigés.
Suit un calque pour la fillette, une version où elle fait un beau sourire en direction de son demi-frère.
Et enfin, le père vient tout en haut de cet édifice. Son calque avait déjà été étalonné.
Cette méthode me permet de sélectionner méticuleusement les versions qui m’arrangent le plus de chacun de mes modèles. Ainsi le jeu des regards est composé pour être le plus vivant et chaleureux possible.

Je créé un calque aplati de cet ensemble et je démarre les retouches cosmétiques : défauts dans le bois de la terrasse et de la table, trous dans la haie et lissage des murs extérieurs pour donner de la fraicheur à la maison.

Ainsi, le plus gros du travail réside dans un travail minutieux de masquage numérique. Comme à mon habitude, je créé des calques gris neutre en mode de fusion « incrustation » et je viens peindre dessus avec un pinceau à 100% d’opacité et 6% de flux. Ainsi, selon si je peins en blanc ou en noir, je viens ajouter ou enlever de la lumière. Je procède de la manière suivante : je force le trait puis je rends le calque moins opaque. Je peux ainsi créer plusieurs couches de masquage à la suite. C’est une méthode dont j’ai généralisé l’usage dans mon travail (y compris en photographie publicitaire) à la suite d’un workshop vidéo de Gemmy Woud-Binnendijk, une photographe qui créé de sublimes compositions numériques et qui m’a libéré·e dans la pratique de ces couches répétées à la manière de lavis et/ou glacis en peinture, par exemple.

J’ajoute à cela quelques calques de renforcement sur la famille et la table, pour les rendre plus palpables, plus présents dans l’image.

Puis, pour parfaire l’ambiance, j’ajoute une sorte de color grading. En créant un calque dégradé allant du jaune orangé au bleu en passant par un violet, je viens poser dans ma composition un voile de couleurs et de nuances vibrantes qui lient mes calques ensemble.

Je finis en décollant les noirs profonds par l’ajout d’un calque blanc à 1% d’opacité. Technique apprise d’un confrère photographe publicitaire et qui améliore le rendu à l’impression, notamment dans les scènes qui présentent des tons très foncés. Un vignettage vient poser une touche finale pour centrer le regard et la lumière sur mes modèles.

Voir le sujet précédent (sujet 1 : Architecture) ou le sujet suivant (sujet 3 : Publicité)

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