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Photographie de produit : sujet 3 du MOF photographie industrielle

Photographie de produit :

3. Publicité – Format horizontal – couleur

Les candidats doivent mettre en valeur l’effet « splash » d’une montre étanche entrant dans un liquide.

Ce type de photographie de produit nécessite de savoir figer des éléments très rapides. Il m’arrive régulièrement de produire des effets de ce type, notamment en photographie culinaire, c’est donc avec un certain plaisir que j’ai pris connaissance de ce sujet.

Photographie de produit : sujet 3 du MOF photographie industrielle

Travail préparatoire :

Le sujet numéro 3 nécessita la recherche d’une montre étanche dont le style me satisfasse visuellement. J’hésitais entre deux concepts de photographie de produit fondamentalement différents : soit un visuel très baroudeur faisant plonger notre malheureuse montre dans un univers naturel en extérieur —avec pourquoi pas, de la boue — et nécessitant une montre à l’esprit plus technique et renforcé, ou bien un style très pop et coloré avec une montre de couleur vive qui viendrait créer un beau contraste. La montre Polar Ignite 2 m’est apparue comme une très bonne solution : cadran doré et rose, bracelet rose et des fonctionnalités waterproof (elle dispose d’un « vrai » mode natation). Je dessinai un croquis préparatoire précisant déjà les grandes lignes du projet : fond papier Colorama Larkspur et une eau transparente qui éclabousse largement.
J’ai trouvé la montre en état neuf sur un site de revente où je tiens une veille régulière, notamment pour le stylisme du studio. J’en profitai pour immédiatement commander des bracelets neufs au fabricant dans les deux finitions différentes afin de voir le rendu réel des 2 versions. Le premier était un plastique résistant donnant une impression de tressage de différentes nuances de roses, le second un bracelet plastique avec un relief très léger faisant penser à des écailles. Mon choix se porta sur le second : il était totalement raccord avec la teinte de la montre et son rose était plus vif et uni que celui du premier bracelet.
Pour la partie « humide », un aquarium vitré de 30 litres fut acheté auprès d’un fournisseur de matériel d’aquariophilie. Ce genre de besoin étonnant est récurrent en photographie de produit et la régie contient des accessoires aussi étranges que variés (oui, la bouée licorne en est un…)

Deux prises de vues pour une photographie de produit finale :

Le choix du matériel photographique fut orienté par les nécessités techniques. Nos flashs Profoto D2 de 1000 w/s sont clairement les torches de notre régie les plus à même de figer des actions très rapides. Leur mode « speed » permettant d’atteindre des vitesses d’éclair sans commune mesure avec nos autres générateurs et flashs monoblocs.

Le boitier choisi fut le reflex moyen-format H5D40 de la marque Hasselblad et le 120mm HC macro II. Cet ensemble objectif/boitier est superlatif en termes de rendu visuel. Les couleurs sont riches et nuancées et la plage dynamique est très importante. Pour ne rien gâcher, les optiques disposent toutes d’un obturateur central permettant de travailler en synchronisant les flashs sur toute la plage de vitesse.

J’ai séparé ma conception en deux étapes de prise de vue. La première devait aboutir à un ou plusieurs visuels dynamiques avec éclaboussures et le second permettre de produire un visuel de l’écran et/ou du cadran pour intégration. En effet, je souhaitais avoir l’écran allumé pour lui donner un peu de présence et le rétro-éclairage bien trop faible en termes d’intensité ne me permettrait pas de le faire en même temps que la prise de vue de l’éclaboussure.

Prise de vue 1 :

Le boitier est installé quasiment à la parallèle du plan d’eau, avec un léger décalage. Ainsi la montre est vue avec un angle permettant de lire son bracelet. Un grand rouleau de diffusant Colorama Translum est tendu sur tout le côté droit de la prise de vue, depuis le boitier jusqu’à la table de prise de vue. Une torche Profoto D2 1000 w/s vient éclairer à travers le diffusant. Le flash est équipé d’un bol 21cm. Dans le coin supérieur gauche, une seconde torche éclaire la scène légèrement au-dessus de l’aquarium, elle est orientée vers le bas, son but étant de produire de beaux éclats de lumière très solaire dans l’eau, sur le fond et sur les angles de la montre. Un assistant venu en renfort lâche la montre alors que je reste pour déclencher manuellement. Le boitier est bloqué miroir relevé afin de gagner en rapidité de déclenchement.
Le boitier est réglé à f/22 à ISO 100 et 1/500ème de seconde. Un temps suffisant pour que les lampes témoins n’aient aucun impact visuel sur la capture et ne risquent donc pas de produire des flous sur les éléments les plus rapides de la scène. Le mouvement est figé par le temps d’éclair très rapide des sources en mode « Freeze ».
Un premier visuel test permet de caler la mise au point en mode manuel sur la zone où sera le cadran à l’arrivée de la montre dans le liquide. Ensuite un second test est fait avec une QP Card pour avoir un gris neutre et neutraliser la balance des blancs directement sur le logiciel Phocus. Ainsi tous les visuels récupèreront automatiquement l’ajustement au fur et à mesure de la capture.
Cette séance fut longue mais produisit plusieurs visuels me plaisant par l’esthétique des éclaboussures et la position de la montre. Il fallut plus de deux cents essais pour trouver la bonne façon de laisser tomber la montre. Je me laissais ensuite quelques temps pour faire retomber l’excitation et la fascination que peuvent avoir les visuels « à effet » et prendre le temps d’y revenir pour faire une sélection finale.
À la fin de la prise de vue, je réalisai quelques visuels de « fond » sans montre. Certains calmes et d’autres plus mouvementés, avec et sans bulles. Ainsi j’avais la possibilité d’ intégrer ces éléments dans les zones vides de mes visuels sélectionnés.

Prise de vue 2 :

Une fois mon choix arrêté, je validai un visuel dont le liquide venait produire une vague se reflétant dans l’écran, cependant le bracelet était trop peu lisible à mon gout. Je pris la décision d’ajouter le bracelet d’un second visuel pour que le rendu final soit plus publicitaire et décrive mieux notre produit. Une fois la position finale validée, je reproduisis une mise en place dans le même axe pour créer un composite du cadran allumé.

La montre est maintenue grâce à un clamp monté sur un « bras magique » Manfrotto. Le boitier vient se positionner pour se rapprocher autant que possible de l’axe de prise de vue validée pour la vue « éclaboussure ». Une fois la position retrouvée, un travail méticuleux d’éclairage vient souligner la matière du cadran et notamment ses volumes. Le rouleau de Translum vient à droite de la montre. Le principal défi est de créer un éclairage proche de la vue principale mais sans l’éclat spéculaire qui brulait le métal doré (croix rouge sur Visuel 3). Pour cela j’ai masqué précisément à l’aide de morceaux de papier blanc certaines zones du diffusant. J’ai en outre ajouté quelques petits réflecteurs autour de ma montre. Une fois tout le dispositif validé pour les reflets, je fis quelques tests de temps de pause pour avoir un bon éclairage de l’écran. 3 secondes à f/22 à ISO 100 furent nécessaires. Je testai deux écrans différents : un écran « activité » et un écran logo de marque pour m’assurer d’avoir des variations pertinentes. La balance des blancs fut là aussi réalisée avec une QP Card.

Traitement et retouche numérique :

L’export a été fait sous la forme de fichiers PSD échantillonnés en 16bit. En premier lieu, j’ai suivi le dégrossi du montage que j’avais réalisé sur Photoshop à la validation de la première prise de vue. Une série de détourages fins représente la grande majorité du travail sur ce visuel. Une fois la montre et son bracelet associés , j’ajoutai le cadran en conservant le reflet de la « vague » que j’aimais particulièrement. Cet ajout se fit sous la forme d’un « objet dynamique ». En effet, ce procédé me permet de positionner plusieurs calques (ici, les deux variations d’écran rétroéclairé réalisées en phase 2) et de venir valider quel écran final j’utiliserai avec un rendu quasi définitif. C’est une méthode que j’affectionne beaucoup et que j’utilise très régulièrement pour mes clients publicitaires : on peut ainsi changer rapidement le contenu d’écrans de smartphones ou d’ordinateurs avec toutes les variations que souhaite le client.

La montre finalisée, j’intégrais des éléments de contour pour unifier mon fond et le rendre plus dynamique. Cinq photos sont ainsi mêlées dans le visuel final (Schéma explicatif Visuel 4). À ce stade je valide l’usage du logo sur la montre. L’écran « activité » est plein de couleurs vives différentes et cette avalanche de pictogrammes rend le visuel brouillon. Une version aplatie est générée sur un calque et je vérifie et nettoie les différents éléments : cadran, écran, eau etc.

Pour parfaire ma photographie de produit et donner plus d’impact à ce dernier, je travaille à mon habitude par masquage numérique en créant des calques gris neutre en mode de fusion « incrustation ». Je masque en peignant en blanc ou noir avec un pinceau doux à 100% d’opacité et 6% de flux. Je fais plusieurs couches appuyées trop fortement que je nuance en réduisant l’opacité. Ainsi, je travaille sur des couches multiples. Ici deux principales (si on omet le masquage m’ayant permis de fondre le bracelet et la montre ensemble) : une couche amenant un vignettage léger et une légère lueur sur le produit et l’éclaboussure et une seconde venant renforcer toutes les projections.

Enfin, je viens positionner un masque de renforcement. Un calque du visuel passé en nuance de gris et filtré en « passe-haut » à valeur élevée (autour de 100-120 pixels), mode de fusion « incrustation » et à 20% d’opacité. Un masque de fusion me permet de l’appliquer juste sur la partie dynamique, lui permettant de gagner en contraste et nous donnant l’impression que le sujet « émerge » un peu plus du reste de l’image.

Au-dessus de ces calques de masquage et de renforcement, un calque de l’image originale en mode « couleur » vient garantir que le masquage ne dégrade les couleurs. En effet, sans ce dernier des nuances voient leur teinte varier.

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