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Photographie de nature morte : sujet 4 de mon dossier de MOF refusé.

Photographie de nature morte

4. Publicité – Format horizontal – couleur
Les candidats doivent créer une ambiance autour d’une bouteille de vin blanc d’Alsace accompagnée de son verre.

J’adore ce type de photographie de nature morte aux éléments minutieusement positionnés et éclairés.

Photographie de nature morte : sujet 4 de mon dossier de MOF refusé.

Travail préparatoire :

Ce sujet fut l’un de ceux qui matura le plus longtemps avant la prise de vue. Trouver une bouteille de vin blanc d’Alsace qui m’inspirerait fut le premier stade. La bouteille du domaine des Frères Mittnacht me séduisit : sa simplicité formelle réhaussée par le papier à grain apparent et le petit détail de la lune métallisée me plurent immédiatement. En second lieu, le choix des verres. Il fut plus difficile à faire. Soit j’utilisais le verre « vin d’alsace » à pied en verre coloré vert, typique mais finalement peut usité par les amateurs de vin. Soit un verre adapté à la dégustation de ce type de vin. Le site du domaine présentait la famille Mittnacht avec des verres de dégustation, j’optai donc in fine pour un verre dédié à ce type de vin et à ce cépage (Riesling) à la ligne fine.

Pour valoriser l’ancrage naturel de ce produit dans une mise en scène haut de gamme, je préparai un croquis l’entourant de deux virgules de bois patiné dans un écrin minéral très marqué. Pour ce dernier, j’ai emprunté deux plaques d’albâtre translucide à l’un de mes clients. Cette matière est fabuleuse : ses nuances sont riches et elle permet un travail autant en réflexion qu’en transparence.

Prise de vue en photographie de nature morte :

L’installation des éléments de la scène se fit sans problématique majeure. Nous sommes habitués au studio à travailler les reflets sur des bouteilles et j’avais déjà un premier jet de mon schéma d’éclairage en tête.

Une première approche du positionnement amenait le verre sur la gauche de la bouteille. Néanmoins, le rendu était sage et finalement assez entendu. Je pris la décision de positionner le verre partiellement rempli en premier plan proche. Ainsi, le jeu de transparence et de déformation du fond dans le liquide était plus lisible et l’ensemble nettement plus distingué. Le positionnement des éléments prenait son inspiration dans une spirale de Fibonacci qui prendrait naissance dans l’étiquette, suivrait l’arrondi du morceau de bois de gauche pour tourner jusqu’à revenir sur le bord extérieur droit du verre.

Le schéma d’éclairage est subtil et a été monté visuellement au fur et à mesure. La principale est une source Profoto D2 1000 w/s venant éclairer à travers un rouleau de Translum. Un bol 18cm Elinchrom est adapté dessus. Un bout de carton noir vient faire office de drapeau pour contrôler la forme du reflet.
Deux sources viennent en transparence des plaques d’albâtre. Un Profoto D2 1000 w/s avec bol 21cm Elinchrom et grille nid d’abeille vient créer un halo dans le fond de la composition, à travers la plaque. Une torche A3000 sur un générateur AS3000Micro Elinchrom vient, elle, éclairer par-dessous, à travers la table (qui est une épaisse plaque de verre) et la plaque d’albâtre sur laquelle reposent nos éléments.
Deux Elinchrom Style RX 600 viennent caresser de lumière les morceaux de bois opposés : l’un par la droite vient éclairer le morceau de gauche et vice versa. Celui de droite dispose d’un nez optique qui permet de venir précisément focaliser la lumière sans toucher le col de la bouteille. L’autre dispose d’un bol 18cm et d’une grille nid d’abeille 12°.
Enfin, une octobox de 90cm sur une tête A3000 branchée à un générateur Elinchrom RX2400 vient déboucher l’ensemble des ombres de la scène, notamment les morceaux de bois qui présentaient un contraste important un peu trop dramatique. Cette source permet aussi de réveiller la bague et le col de la bouteille.

Le boitier est réglé à f/22 à ISO 100 à 1/250ème de seconde. Avec dans la scène des générateurs un peu anciens, je préfère garder des vitesses de synchro aux alentours du 250ème de seconde. Au-dessus, la perte d’intensité se fait largement sentir et ne présente pas d’intérêt sur une prise de vue de nature morte.

J’utilise un Hasselblad H5D40 avec un objectif HC 120mm Macro II. J’utilise un déclencheur Elinchrom pour m’assurer du départ de l’ensemble des sources. Les deux sources Profoto étant récentes, je ne m’inquiète pas de leur capacité à se synchroniser en mode « slave ».

Je réalise en amont un visuel d’une QP Card pour régler ma balance des blancs.

À f/22 la scène présente une trop grande profondeur pour me permettre d’avoir un plan de netteté qui couvre le premier plan (Verre et morceau de bois en bas à gauche) jusqu’aux morceaux de bois du fond. Afin d’éviter de fermer fortement mon optique ,et de risquer d’entrer dans les valeurs où la diffraction va réduire sensiblement la qualité du visuel, j’ai préféré prévoir dès la prise de vue de créer une composition multiple, sorte de « focus stacking » manuel.

C’est pourquoi j’ai réalisé les visuels suivants :

  • Une scène complète pour « trace », zone de netteté bouteille/bois/fond.
  • Un verre à demi rempli – zone de netteté sur lui – mise en place d’un élément faisant office de drapeau pour les reflets de la gauche et de réflecteur passif.
  • Le petit morceau de bois du premier plan à gauche – zone de netteté sur lui .
  • Bouteille seule (pour éviter les reflets parasites des éléments l’entourant) avec variations : réflexions sur le col, la partie brillante de l’étiquette, l’étiquette et la transparence.
  • Plaque d’albâtre du bas sans rétroéclairage avec reflet de la bouteille plus présent.

Traitement et retouche numérique :

Le traitement initial sur Phocus, le logiciel propriétaire d’Hasselblad fut des plus simples. La balance des blancs neutralisée, un peu de contraste très modéré, une légère récupération des hautes-lumières et le cadrage prévu pendant la prise de vue (le format de fichier du boitier n’est pas homothétique du 50x70cm). J’ai pu ensuite exporter en format PSD échantillonné sur 16bits.

Le montage à proprement parler a démarré sur Photoshop avec l’importation de l’ensemble des exports sous forme de calques d’un même fichier puis d’un dégrossi rapide. Cette étape me permet de préparer l’ordre des calques et leur position pour gagner du temps par la suite.

Le travail de détourage et de découpe fut rapide, je travaille sur un écran tablette Wacom Cintiq de 27 pouces qui me permet un réel confort de travail sur ces opérations minutieuses. Une fois les éléments détourés et alignés, j’ai utilisé des repères pour caler mes objets parfaitement. En effet, on a parfois des surprises sur les prises de vue de flacons (étiquettes pas tout à fait droites par exemple). En utilisant ces repères, on s’assure de l’alignement de manière précise sans aucune distraction possible. C’est à cette étape que j’ai remarqué que mon verre avait un léger biais (le support sur lequel il était avait un ou deux degrés de décalage). Je l’ai donc réaligné puis ai différencié le décalage du liquide pour que l’ensemble soit parfait. Enfin, j’ai réintégré une bande de la plaque d’albâtre incluant le reflet de la bouteille plus marqué. Ainsi, un halo de lumière vient autour et derrière la bouteille sans perdre le reflet de cette dernière. L’ensemble des nuances de l’albâtre est ainsi rendu entre l’arrière-plan et la base de notre ambiance.

À cette étape, je supprime les traces, poussières et petits défauts d’ajustement. C’est dans le verre que les traces étaient les plus évidentes, le vin en ayant laissé lors du service. Par ailleurs, la pièce de bois de gauche avait un petit trou qui était trop présent et attirait bien trop l’attention.

J’ai ensuite créé un calque de masquage numérique. Pour ce faire, je fais un calque gris neutre en mode de fusion « incrustation » sur lequel je viens peindre avec un pinceau doux à 100% d’opacité et 6% de flux. Les coups de pinceaux noirs viennent assombrir mes zones et à l’inverse le blanc vient rehausser. Je fais souvent des masquages un peu forts que je viens atténuer ensuite en jouant avec l’opacité de mon calque. J’empile parfois plusieurs calques pour affiner le rendu. Pour ce visuel un seul calque fut suffisant. Son usage fut d’augmenter les contrastes existants dans le verre et sur la bouteille, mais j’en ai profité pour masquer un petit défaut de surface de l’étiquette avec de la lumière et de l’ombre.

J’y ai ajouté aussi un calque de renforcement (un filtre « passe haut » avec une valeur élevée, environ 100 pixels, sur une copie en noir et blanc du visuel passée en mode « incrustation » à 20-25% d’opacité) pour avoir un gain de contraste et un rendu plus en volume de l’ensemble de mes objets. Enfin, j’ajoute un calque avec autour de 5% de bruit numérique monochrome. J’utilise le moteur de bruit de Camera Raw dont j’aime le rendu très argentique. Cela me permet de perdre le côté trop lisse et numérique de mon fichier final et aussi d’unifier le rendu de l’image et cacher les éventuelles zones restantes où les retouches pourraient ressortir par leur apparence trop lisse vis-à-vis du reste de la photographie.

Lors de l’impression des tirages en version réduite et d’un point de détail à taille d’impression finale, un reflet naturel du verre ne me plaisait pas et faisait penser à un défaut, j’ai donc étiré le reflet sur une zone plus large pour aller jusqu’au bord extérieur. Le rendu est ainsi plus naturel retouché qu’initialement.

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