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MOF photographie industrielle sujet 1 architecture

Mon dossier refusé de « MOF photographie industrielle »

Pour la seconde fois, j’ai présenté le MOF photographie industrielle. Pour la seconde fois j’ai échoué. C’est douloureux et entêtant. Mais c’est ainsi.

Néanmoins je suis fièr·e de mes images et du travail accompli. Le parcours de préparation de ce dossier m’a énormément apporté humainement et photographiquement.

C’est pour ces raisons que je publie ce jour mon dossier et je me tiens à disposition de mes pairs qui souhaiteraient consulter les éléments de ma soutenance. En effet, il me semble nécessaire de proposer à mes confères et consœurs préparant ce concours à l’avenir de pouvoir voir et analyser d’autres travaux issus de dossiers refusés. D’ailleurs ma précédente participation est en ligne ici.

Avant de commencer, je tiens à clarifier quelques points :

Le dossier que vous allez lire est une version légèrement modifiée de celui que j’ai imprimé et apporté pour la soutenance. Ainsi j’ai ajouté à la version numérique l’écriture inclusive et supprimé / modifié quelques passages. Par ailleurs, les annexes (schémas et capture d’écran notamment) ne sont pas reproduites ici. En outre, un point budgétaire avait été ajouté dans chaque dossier. Ils ont été supprimés au profit d’un rapide paragraphe en fin du dernier post. Enfin, les éléments concernant l’impression et la finition qui sont identiques ou presque pour tous les tirages ont été ajoutés eux aussi à la fin.

J’aimerai remercier du fond du cœur les personnes sans qui ce dossier de MOF photographie industrielle aurait été impossible.

Remerciements :

Camille Lagoarde, mon partenaire et mes enfants Nino et Octave, ainsi que ma mère. Ils sont un soutien inconditionnel sans lequel je ne serai pas arrivé·e là où j’en suis aujourd’hui.

Florian Sau, mon associé, qui a maintenu la barre du studio pendant toute la préparation des images et aidé à bon nombre d’entre elles. J’aurai adoré qu’on travaille nos dossiers de MOF en parallèle.

Julie Girardot, ma maquilleuse de choc pour tes talents et sa bonne humeur.

Aloys Laurent, tenancier de mon point de chute nantais, partageant son logis contre moults restaurants et assistant « jeteur de montre » hors pair. Ta capacité à lancer 27436 fois une montre dans de l’eau en gardant patience est angélique.

Yaël Pertuisel pour ses recherches en stylisme. T’assures Yaya !

Baptiste Nicol, modèle & pilote de la moto. Conseiller affuté et passionné, il a transformé la prise de vue en voyage grand spectacle. Ton talent est immense.

Emerick Poppé de Prophot France pour ton soutien et la qualité de nos échanges !

Anaïs « Nanou » et sa famille : une soirée intense à faire semblant, puis à manger, du gâteau.

Christelle Bauret, ma coach, qui m’a soutenu·e pendant toute la préparation des oraux. Sans toi ça aurait été invivable.

Dimitri Lamour et ses contacts précieux. Merci à toi pour ta bienveillance !

La FFB Sarthe.

La direction communication et les équipes des chantiers bâtiment et TP de Bouygues Construction G.Ouest et tout particulièrement Jérôme B. : merci pour votre accueil !

La direction communication et les équipes des chantiers bâtiment et TP du Groupe-Legendre.

La Fonderie d’Art Macheret, Yves et Paul, merci à vous. La photo de la bouteille de vin blanc vous doit beaucoup.

Noël Peramayou et la société Duval Metalu pour leur accueil ainsi que nos deux super modèles. Merci pour votre patience et votre implication !

Le Bud Racing Training Camp pour leur accueil !

Merci à nos stagiaires sur ces périodes de préparation et de prise de vue : Florine, Virginie et Gwenola.

Merci à Nico pour l’arrangement vis à vis du traceur. Tu m’as sauvé !

Bien entendu, merci à tous mes clients qui m’ont soutenu·e pendant les mois de travail acharné.

Enfin merci au jury du COET MOF et tout particulièrement aux photographes et Meilleurs Ouvriers de France avec lesquels j’ai pu échanger quelques mots à Chateaugiron et à Vannes. Nos échanges ont été et sont toujours éclairants et inspirants. Merci à eux.

Sujet 1 : Architecture

Le concours MOF photographie industrielle a beaucoup changé entre mes deux tentatives, néanmoins, la partie « centrale » du dossier est resté la même : la production de 7 photographies aux sujets aussi variés que précis. Je vais revenir sur mes visuels dans l’ordre des sujets.

1. Architecture – Format vertical – noir et blanc

Les candidats doivent réaliser une photographie d’un bâtiment en béton en cours de construction avec un ouvrier à l’oeuvre.

MOF photographie industrielle sujet 1 architecture

Travail préparatoire :

Le sujet d’architecture a nécessité une longue période de préparation en amont. Car trouver les entreprises qui pouvaient m’accueillir tout en ayant une construction adaptée pour le sujet demandé n’était pas chose aisée. Pour ce faire, j’ai démarré ma recherche en m’appuyant sur mon réseau. J’ai d’abord pris contact avec une antenne de la Fédération du Bâtiment locale avec laquelle j’avais travaillé par le passé. En parallèle, j’ai contacté un confrère photographe spécialisé dans le BTP et l’architecture dont j’avais fait la rencontre lors de réunions de notre syndicat. En effet, j’avais repéré un édifice en construction sur son secteur dont les volumes me plaisaient. Hélas, ce chantier était trop avancé lorsque j’obtins la réponse. Néanmoins ces contacts se sont avérés fructueux car ils m’apportèrent par la suite plusieurs autres pistes très pertinentes dans un rayon de 200km autour de mon studio.

Prises de vues :

L’analyse du sujet m’a amené à préparer une méthodologie de travail spécifique. Car la tournure semblant indiquer un sujet humain unique oblige à prévoir en amont de pouvoir supprimer les éventuels autres intervenants de second plan. C’est pourquoi j’ai adopté une approche de prises de vues multiples sur trépied. Une méthode certes lourde à la mise en place, mais qui a le mérite de réduire drastiquement les temps de retouche numérique et potentiellement de faire du bracketing d’exposition si la scène dispose d’une plage dynamique trop importante. Enfin, elle me permet de travailler en fermant fortement le diaphragme et ce, malgré la faible capacité du boitier à monter en sensibilité. Car au-delà de 400 ISO la qualité d’image se dégrade énormément.

Cette méthode a néanmoins des limites : moins réactive, elle nécessite de repérer préalablement les espaces et de prévoir les actions en avance pour ensuite attendre l’activité du modèle ou le faire poser à l’endroit attendu. Cette seconde option est d’ailleurs celle donnant les résultats les plus probants, mais elle nécessite une certaine finesse d’approche. Car si les entreprises furent bienveillantes dans leur accueil, aucune ne souhaitait que j’impacte lourdement le travail des ouvriers. Il fallait donc expliquer les enjeux à mes modèles potentiels et les mettre à l’aise rapidement. Pour les mêmes raisons, la partie signature de documents ne pouvait pas se faire in situ . J’ai donc envoyé des liasses de documents de droit à l’image avec les images réalisées pour que chaque ouvrier concerné puisse signer a posteriori en connaissance de cause.

La prise de vue est réalisée sur un boitier Hasselblad H5D40 avec un objectif 35mm (éq. 27mm en 24×36). Ce boitier a une plage dynamique importante qui m’a semblé très pertinente pour ce projet mais sa capacité à monter en sensibilité est extrêmement limitée. J’ai donc dû travailler avec certaines contraintes techniques pour obtenir le visuel que je recherchais.

J’ai isolé 3 chantiers sur lesquels je me suis rendu·e. Dans chacun d’entre eux, j’ai réalisé une série de photographies. Pour le premier, j’ai essayé de mettre en avant l’ouvrier à l’œuvre avec un flash déporté sur batterie. Néanmoins, le rendu de cette première série de visuels était à mon sens trop proche du reportage métier que de la photographie d’architecture. Je décidais donc de produire par la suite des visuels en lumière ambiante.

L’un des premiers repérages me permit de produire une image très intéressante. Elle fut sortie de ma sélection de par la nature du chantier : il s’agissait plus de réfection/aménagement sur de l’ancien que de la construction à proprement parler. L’idée d’un reflet augmentant la taille du bâti me plaisait néanmoins beaucoup, je la gardais en tête pour la suite du projet.

L’un des chantiers m’a paru tout à fait pertinent et j’y suis donc retourné·e une seconde fois pour constater l’avancée des élévations du site et voir si je pouvais faire des visuels avec une approche différente. Ce type de reportage fait prendre conscience de l’importance d’un suivi régulier : les lieux changent beaucoup d’un passage à l’autre et les opportunités de cadrage ne sont plus du tout les mêmes d’un mois à l’autre.

J’ai réalisé 5 visuels en tout qui présentaient de prime abord les qualités esthétiques et techniques requises pour être présentées. Cependant, le choix final s’est porté sur les zones d’interprétation du sujet. Si certaines images étaient très bien du point de vue esthétique, elles présentaient toutes d’une manière ou d’une autre des éléments pouvant être considérés à la limite du hors sujet.

Le visuel retenu a été réalisé sur un chantier d’immeuble mêlant boutiques et habitation. Lors de mon premier passage, les équipes travaillaient sur le deuxième niveau. Après plusieurs heures très humides et sombres, le soleil a finalement percé et le ciel s’est éclairci. C’est dans la future zone commerciale que j’ai trouvé mon angle le plus architectural. Le souhait de l’architecte est d’utiliser un béton blanc pour marquer la différence. En cela, cette zone prend un style tout particulier. La pluie du matin avait détrempé le sol et les longues lignes des murs se réfléchissaient dans l’eau, produisant un effet beaucoup plus élancé. Cela reprenait mon concept coup de cœur initial. J’ai installé mon trépied et préparé mon cadre. J’ai réalisé quelques vues en peaufinant ma plage d’exposition et ai attendu mon « sujet ». Quelques ouvriers de passage plus tard, j’en arrêtais un et lui demandait les différentes actions possibles dans cette zone. Les bancheurs avaient fini ces murs peu de temps avant et la pose d’étais était recommandée avant la prochaine étape. Certains étaient déjà posés sur le mur opposé. Je lui demandai donc de finir de serrer le dernier étai de cette partie, ce qu’il accepta. J’ai déclenché en relevant préalablement le miroir. Je me méfie toujours des vibrations importantes que les reflex moyen format font. La photographie a été prise au 1/125eme de seconde à f/22, à 400 ISO. En cela j’ai réduit encore les risques d’avoir d’éventuelles micro-pertes de netteté, surtout dans les éléments les plus fins.

Traitement et retouche numérique :

Le traitement des fichiers bruts a été réalisé sur le logiciel Hasselblad propriétaire Phocus. En premier lieu j’ai fait une réduction légère de l’exposition. Comme à mon habitude avec ce boitier en extérieur, j’expose avec une légère surexposition pour optimiser la dynamique – de l’ordre de ½ IL sur ce visuel. Par ailleurs, le traitement a continué par un passage en noir et blanc, un travail sur le contraste et la récupération d’informations dans les très hautes et basses lumières. En cela le dos numérique du H5D est une véritable perle : malgré la dynamique importante de la scène, un seul visuel a finalement été suffisant pour capturer l’ensemble des informations. Enfin, un masque a été fait sur le visage du modèle pour récupérer plus de nuance dans la zone la moins éclairée. Cette étape est plus pertinente à réaliser à ce stade. En effet, depuis un fichier RAW la quantité d’informations récupérée est infiniment supérieure à ce que j’aurais récupéré dans les ombres d’un visuel déjà exporté.

L’export a été fait sous la forme d’un fichier PSD échantillonné en 16bit. Il n’a finalement pas été nécessaire de créer une série de couches photographiques pour supprimer des ouvriers comme sur les autres visuels potentiels du même sujet. L’arrière-plan ne contenait que quelques personnes dont les positions ne présentaient pas de problématique majeure pour être supprimées. En premier lieu, deux personnes sur une banche en arrière-plan étaient très largement dissimulées par leur position. La première a été effacée rapidement avec le tampon et un détourage simple au lasso. La seconde a été effacée en détourant les montants de sécurité de la banche et en remplissant avec l’outil tampon. Deux ouvriers étaient présents dans une fenêtre du bâtiment de l’arrière-plan. Un travail fin au tampon a suffi à les retirer. Enfin, par mesure de sécurité, j’ai effacé le grutier dans la cabine au-dessus du chantier. Ainsi, il ne reste plus qu’un ouvrier à l’œuvre sur le bâtiment, mon modèle.
J’ai en outre nettoyé certaines traces et petits éléments de détails : traces liées aux poussières éventuelles dans l’objectif et/ou sur le dos numérique. Ensuite, j’ai réalisé un masquage numérique par l’usage de calques gris neutre en mode de fusion « incrustation ». Cela m’a permis de faire monter le contraste entre les piliers et le ciel dans les reflets du sol et de densifier le ciel. J’ai fait plusieurs calques de masquage. C’est une manière pour moi de nuancer mon traitement : en masquant « trop » et en réduisant leur opacité et en répétant le processus plusieurs fois, j’arrive à des résultats justes et nuancés et toujours très organiques. J’ai ensuite amené un renforcement et un contraste localisé par l’ajout d’un calque de l’image dupliqué et filtré avec « passe haut » (autour de 100 pixels) que j’ai passé en mode de fusion « incrustation » et à 20% de transparence. Cette étape m’a permis de renforcer l’impact visuel de mon premier plan vis-à-vis du ciel et de l’arrière-plan.

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Sujet 3 (publicité : montre)

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Sujet 7 (publicité : tubes PVC)

Impression, finition et conclusion.

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