Photographie corporate : sujet 5
5. Corporate – Format horizontal – couleur
Dans un milieu industriel, les candidats doivent réaliser une photographie de 2 personnes éclairées par des flashs en complément d’ambiance, avec des filtres colorés.
Le studio produit beaucoup de photographie corporate. Bien que notre habitude va plutôt au reportage de « vrais gestes » mis en lumière, nous produisons aussi des visuels en lumière ambiante et des mise en scène plus posées comme le visuel réalisé pour ce dossier de MOF photographie industrielle refusé.
Photographie corporate, travail préparatoire :
Ce sujet fut l’un des plus longs en termes de préparation. En effet, le complément d’ambiance nécessitait de trouver un lieu industriel pouvant être animé de lueurs colorées ponctuelles. J’avais réalisé un visuel pour un syndicat interprofessionnel dans un lieu industriel en 2017. Le choix de ce lieu fut une évidence pour diverses raisons :
- je valorisais ainsi un savoir-faire et une entreprise locale, une démarche que je soutiens depuis plus de quinze ans,
- le lieu était très vaste et bénéficiait d’un recul important,
- dans le même espace cohabitaient de la soudure et du ponçage, permettant d’avoir à la fois des lueurs bleues et jaune orangées,
- le PDG était sensible au travail bien fait et à l’excellence professionnelle, nos échanges ayant été dans ce sens lors de notre dernière rencontre.
Ainsi, je commençai par contacter l’entreprise. A la faveur de mes archives, je retrouvai le contact direct du PDG et lui exposai mon projet en lui rappelant notre projet commun quelques années auparavant. Ce dernier accepta dans la foulée et, bien que ses journées fussent très chargées, nous arrivâmes non sans difficultés à trouver une date commune sur une grosse demi-journée sur le site. Ce dernier me confia que ses équipes étaient très chargées et que ma présence se devait d’être, je cite « sans impact sur leur charge de travail ». Je lui assurai que notre méthodologie serait la plus indolore possible pour le planning et que nous préparerions la prise de vue autant que possible sans déranger les équipes.
J’avais déjà prévu le matériel et prévoyais d’utiliser des filtres au format de mes stripboxes. Je commandai donc une série de nuances de jaune et de bleu sur un site spécialisé.
Prise de vue :
Le jour de la photographie corportate l’équipe se composait de moi-même, deux assistants : mon associé, une jeune stagiaire en formation Bac Professionnel Photographie , et notre maquilleuse. Les modèles proposés par l’entreprise étaient, par chance, les personnes que j’avais déjà eu à photographier quelques années avant et je les savais motivés et de très bonne composition pour créer un visuel de qualité. Une aubaine !
Le boitier utilisé est un réflex moyen-format numérique Hasselblad H5D40 équipé du 80mm. J’ai hésité à utiliser une focale plus longue mais c’est bien le 80mm qui me permit de capter suffisamment d’arrière-plan sur les côtés pour y intégrer les ouvriers qui génèreraient les sources de lumières colorées.
Connecté à un ordinateur portable et au logiciel Phocus, le logiciel propriétaire de la marque Hasselblad, nous avons débuté la séance par un rangement des espaces autour de notre scène. Ainsi, le décor restait dans un état de travail sans pour autant être surchargé d’informations (documents aimantés aux parois, chiffons et petit matériel sur les établis sont donc rangés). Le cadrage fut posé avec ma stagiaire et la maquilleuse en guise de modèles afin de prévoir l’ouverture et un premier réglage lumière. Le logiciel de capture nous permit de superposer à notre photographie une spirale de Fibonacci afin de poser les éléments en conséquence. La spirale partait de la zone de l’enclume pour tourner jusqu’au soudeur, elle remontait ensuite en haut de l’image sur la grue avant de se refermer avec le ponceur. En validant à 100% sur écran, il apparut qu’il fallait par ailleurs prévoir de faire les portraits à f/4.0 à 1/25ème de seconde à ISO 200 pour assurer un plan de netteté suffisant sur nos deux modèles et conserver l’ambiance lumineuse du lieu. Cependant, je souhaitais réduire l’impact de l’arrière-plan dans le visuel final et prévoyais donc un composite numérique avec des portraits à f/4.0 et les scènes de fond à f/2.8. Pour simplifier les actions de post-production, le boitier était positionné sur un trépied, le miroir bloqué en position haute et l’autofocus débrayé.
Le plan d’éclairage comporte 3 sources de lumière : deux Profoto D2 1000 w/s avec des stripbox 50x130cm Elinchrom. Celle de gauche vis-à-vis de la scène est couverte par un filtre LEE 132 medium blue. Celle de droite est couverte d’un filtre LEE 101 yellow. Enfin, une octobox 90cm sur une tête A3000 reliée à un générateur RX2400 Elinchrom. Cette source reste avec sa lampe témoin allumée malgré la vitesse d’obturation lente et sa proximité avec les modèles, ceci ajouté à la teinte de l’octobox permet d’avoir une lumière jaunâtre qui s’approche approximativement de l’ambiance du lieu (des tubes fluorescents produisant une sorte de lumière incertaine et un peu jaune). Ainsi, nous avons pu approcher notre balance des blancs manuellement pour réduire l’impact du jaune en conservant tout de même une petite nuance résiduelle des tubes du plafond. De cette façon, nos sources aidèrent à appuyer l’ambiance du lieu.
Nous avons ensuite organisé avec notre soudeur et notre ponceur une manière de concilier leur charge de travail avec nos besoins. Ainsi, quelques visuels furent réalisés côté soudeur en adaptant le temps de pose à son action. Un premier visuel réalisé à 1/30ème de seconde à f/2.8 à ISO 100 me donna de belles gerbes et un beau halo bleuté sur lui (en plus de celui projeté par la source filtrée de son côté), néanmoins un second visuel réalisé à 1/250ème de seconde me fit récupérer un éclair de soudure moins intense. Le ponceur quant à lui au 1/15ème de seconde, permettant d’avoir de belles trainées brillantes. De la même manière, je pu récupérer un peu de matière dans la partie brulée grâce à un autre visuel réalisé à une vitesse plus rapide.
Enfin, nous avons demandé à notre maquilleuse de corriger le teint de nos deux modèles, notamment pour les unifier et les matifier afin d’éviter toute brillance sur leur front et arête du nez.
Nous avons réalisé quelques essais avec nos deux mannequins d’un jour avant de trouver une posture qui leur convenait et dans laquelle ils se sentaient bien. En effet, rien n’est pire que de « forcer » une personne dans une pose qui ne lui correspond pas. Le résultat est bien souvent une pose x ou y et un visage qui exprime un malaise certain…
Je prends en général une posture pédagogue en shooting, en expliquant à la personne le projet, pourquoi je mets des éclairages, comment je travaille etc. Cela permet de dédramatiser les choses. Elle est plus à même de me faire confiance ensuite dans nos échanges et de s’impliquer dans la création.
Traitement et retouche numérique :
Un prototype est rapidement composé sur Photoshop à l’aide de l’ensemble des images validées et exportées. Ce premier jet me permet d’ordonner tous les calques et de les mettre en ordre pour ensuite gagner en efficacité. Parmi les visuels, certains « visuels bis » sont importés pour ajouter des petits éléments imprévus dans le prototype imaginé. Notamment un soudeur qui s’était installé dans le fond lointain à gauche de mes modèles que j’ajoutai dans le visuel final pour renforcer encore l’ambiance de travail intensif du lieu.
Si le détourage des personnages et le mélange des plans fut méticuleux, il ne nécessita pas de compétence avancée.
Le long travail de renforcement ciblé mêlé à du masquage numérique qui vient parfaire l’ambiance de ma scène est plus élaboré : un renforcement localisé basé sur un filtre « passe-haut » en mode de fusion « incrustation » à 20-25% sur les tabliers et outils des modèles est appliqué sur un masque de fusion. De cette manière je « peins » littéralement mon renforcement jusqu’à ce que le rendu me satisfasse. Un deuxième calque à l’opacité moindre est lui aussi peint pour accentuer toute la partie « active » de mon visuel : modèles (sauf les visages) et ouvriers du fond sont réhaussés légèrement vis-à-vis du reste de l’image.
Enfin un masquage numérique réalisé par un travail au pinceau (noir ou blanc) sur un calque gris neutre en mode « incrustation » vient accentuer encore l’ambiance, en premier lieu en faisant ressortir la fumée du soudeur par un jeu d’ajouts et de retraits de lumière. De la même façon la lumière est recentrée sur mes deux sujets principaux en prenant soin de repasser légèrement les tubes néons afin de leur ajouter un halo léger. Je réalise souvent des masquages multiples en superposant ainsi plusieurs calques que je traite en forçant le trait avant de les nuancer par une réduction de leur opacité. Cette méthode permet un contrôle très fin des ombres et lumière s. Afin d’éviter que ces calques ne dénaturent les couleurs, je crée en amont un calque de ma scène et le passe au-dessus des calques de masquage, en mode couleur à 100% d’opacité. Il n’est pas rare que j’ajoute par la suite un calque blanc pur à 1% d’opacité afin de réduire les plages les plus sombres, ce faisant l’image est plus simple à tirer sur les papiers aux dynamiques faibles et aux technologies d’impression les moins permissives.
Un reflet un peu trop appuyé dans la monture de lunettes de mon modèle m’obligea à la recréer pour la rendre moins présente à l’image, ce qui fut un travail complexe pour arriver à un rendu de matière plastique matte. Elle fut créée avec des dégradés de couleurs pipetées sur la branche et soigneusement découpées à la bonne forme. Un bruit numérique léger vient parfaire l’aspect de surface.
Un moiré léger est apparu sur certains pans de tissu. C’est un phénomène très courant sur les boitiers moyen-format. Le plus simple est de le sélectionner, de dupliquer la zone et de la flouter. Le calque ainsi créé doit être suffisamment flou pour que disparaissent les ondulations colorées. On peut alors le passer en mode « couleur » pour que le moiré devienne quasiment imperceptible.
Ensuite j’ai retravaillé certaines petites rougeurs / irritations sur les visages, déjà atténués par le maquillage, un simple calque en mode « couleur » m’a permis d’unifier la teinte. J’ai continué en réduisant les cernes via un tampon en mode « éclaircir » à une faible opacité, de l’ordre de 20%.
Le retrait de différents éléments n’a pas posé pas de souci majeur, un tube lumineux au plafond au-dessus de la grue attirant trop le regard a été retiré ainsi qu’une trace claire sur le socle de l’enclume.
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