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Photographie de moto : sujet 6 de mon dossier de MOF refusé

Photographie de moto : sujet 6

6. Sport au royaume de la glisse – Format horizontal – noir et blanc
Pour la promotion d’une nouvelle moto d’enduro (ou moto-cross), les candidats devront réaliser une photographie d’un pilote maîtrisant la glisse en sortie de virage.

La photographie de moto fait écho à la photographie de VTT qui m’avait couté mon MOF sur ma précédente participation. J’ai pris un immense plaisir à la réaliser. Plusieurs visuels « bis » des deux séances seront bien publiés sur les R.S. du studio. Avis aux amateur·ice·s.

Photographie de moto : sujet 6 de mon dossier de MOF refusé

Travail préparatoire :

Alors que je préparais ce sujet depuis quelques mois, la maquilleuse résidente du studio me mit en relation avec un modèle de sa connaissance. Ce dernier, passionné de motocross, avait été lui-même pilote et agent de pilote avant de devenir mannequin. Chose inespérée : il fait régulièrement du pilotage de précision pour la publicité. Intéressé par ma participation au concours Un des Meilleurs Ouvriers de France, il me proposa de participer. Son emploi du temps étant très chargé sur les beaux jours, il me proposa un premier test technique à la toute fin de l’été à proximité de son domicile à 200km du studio. Ce premier test me permit d’essayer plusieurs configurations matérielles et de voir leur faisabilité sur le terrain. Prendre un pilote de moto en photo sur un terrain « roulant » est un exercice physique ! En effet, entre chacun de ses passages, je devais sortir du terrain en courant pour ensuite reprendre la position pour son passage. J’y essayais un éclairage 3 points : 2 générateurs autonomes de 400 w/s de part et d’autre de la piste en contre-jour et un ringflash sur générateur autonome de 400w/s lui aussi, sur le boitier. Le ciel était un peu nuageux et les résultats furent très intéressants. Cependant, le terrain était un petit terrain « familial » où le roulage était libre, les arrières plans étaient parsemés de palettes, grillages et poteaux disparates. Le modèle nous proposa de faire le shooting définitif sur un terrain beaucoup plus intéressant visuellement dans le sud de la France pour que tout soit parfait. Ce dernier était entièrement couvert de sable avec la possibilité de projections beaucoup plus importante.
Trouver les « bons » contacts et interlocuteurs fut un jeu de patience. Après des semaines d’aller retours de mails, autorisations et demandes, nous avons pu trouver une date qui convenait à l’ensemble des intéressés. Pour être sûr d’avoir la puissance nécessaire, j’empruntai un générateur autonome plus récent que les miens mais de la même marque, me permettant d’ajouter une source de 500w/s utilisant des canaux identiques.

Je pense que l’organisation fut la partie la plus éprouvante de ce sujet. La veille du jour J, je devais réaliser des portraits corporate chez un client, rentrer au studio, décharger et refaire le sac de matériel pour prendre un train et rejoindre mon associé dans une grande ville à 1h30 du lieu de shooting. Un bungalow avait été réservé sur le circuit. Annulation de train un jour avant la grève annoncée, imprévu mécanique sur la moto, rien ne nous fut épargné.

Prise de vue :

Nous avons finalement pu nous détendre le matin de la prise de vue. Un temps parfait, le circuit peu occupé (le hasard voulu que nous soyons 3 équipes de vidéo/photo sur le circuit et assez peu de motards à rouler ce jour-là.). Nous avons trouvé un premier tournant adapté pour notre photo. La lumière étant nettement plus importante que lors des tests initiaux, je dû me résoudre à modifier mon éclairage : le ringflash ayant une vitesse d’éclair trop lente à pleine puissance ne permettait pas le rendu escompté. Après quelques passages, nous avions quelques photographies correspondant bien au sujet. Nous voulions néanmoins aller plus loin visuellement et le tournant n’était plus praticable : les passages appuyés pour produire un effet de dérapage très visuel avaient aplani la zone. Nous trouvâmes un second lieu adapté à nos besoins à l’autre bout du circuit. Sa configuration nécessita un changement complet d’éclairage : éclairé par la gauche par un soleil d’après-midi, je ne pouvais rivaliser en intensité qu’en alignant plusieurs sources en parallèle. C’est ainsi que je mis 2 générateurs à 400 w/s avec des bols 26cm et le générateur 500 w/s en batterie, bol 21cm pour rivaliser avec la lumière existante et produire un « faux soleil » particulièrement dur dans l’arrière-plan qui viendrait dramatiser la projection du sable.
Le motus operandi était le suivant : une mesure de l’ambiance dans les ombres et lumières et un test flash pour dégrossir. Le rendu était meilleur. De ce premier axe intérieur qui produisait des visuels assez dynamiques mais toujours pas assez à mon gout, je me déplaçai en sortie de virage, dans l’axe de la moto. Choix risqué mais pertinent car il permit de faire sortir une vague de sable pile dans l’axe de mes flashs et d’avoir la moto sur un quasi 3/4 face à la sortie du virage. Le rendu était fabuleux et nous continuâmes dans cet axe.
Les premiers essais nous laissèrent extatiques : le rendu était bien plus dynamique et publicitaire que les précédents. Les réglages furent affinés visuellement au dos du boitier. Il n’était pas évident de prévoir parfaitement les choses dans des conditions comme celles-ci : la zone d’arrivée de la moto avait des variations proches du mètre malgré le talent de notre pilote, le schéma de lumière devait donc répondre à cette variation. L’une des grandes difficultés fut de conserver une stabilité de transfert entre le transmetteur et les flashs. Je suppose que les épaisseurs de sable avaient un impact néfaste sur la transmission. Pour réduire les parasites, j’ai mis l’ensemble des flashs sur un canal unique et j’ai fixé les générateurs en hauteur sur les pieds pour que les signaux soient les plus directs possibles. Malgré tout, nous avons essuyé des ratés occasionnels.
Une fois la lumière affinée, nous avons commencé une série épuisante de passages répétés pour notre pilote (la conduite dans le sable est terriblement physique et nous étions déjà depuis des heures sous le soleil). Tous les 5 à 6 visuels, nous prenions le temps de voir ensemble si la position de la moto et du pilote étaient valides sur l’image. Son avis nous a été précieux car il a un regard professionnel incisif et une grande expérience dans le domaine de la photographie de moto.
Le boitier n’était pas réglé au maximum de sa vitesse synchro possible. Par expérience sur le matériel flash que j’utilise, monter à 1/800eme me ferait perdre en intensité lumineuse, chose peu pertinente quand le soleil du sud de la France baigne la scène. Ainsi, le boitier était réglé à 400 ISO à 1/500ème de seconde, diaphragme fermé à f/11. Malgré quelques essais, j’ai préféré réaliser le visuel au 80mm (équivalent 63mm en 24×36) plutôt qu’au grand angle : j’ai pu rester dans une zone relativement peu dangereuse pour ces visuels, même si une ornière a fait obliquer la moto vers moi sur l’une des vues. Heureusement, les talents de notre pilote ont sauvé la journée et garanti l’intégrité physique du photographe. À f/11 la moto est nette de part en part et le fond lointain commence à entrer dans un léger flou qui permet néanmoins de distinguer les éléments de paysage.
Pour être sûr de mon point, j’ai calé mon focus sur la zone « cible » du pilote et j’ai maintenu mon autofocus bloqué jusqu’à l’arrivée de la moto. Je ne me fie pas au mode d’autofocus prédictif de ce boitier dans ce type de situation : il n’est juste pas adapté à ces vitesses d’évolution.
Nous avons continué les virages jusqu’à avoir deux variations qui me plaisent pour le projet et faisant consensus dans l’équipe. Notre pilote était épuisé et le reste de l’équipe aussi. Ce type de projet doit sa qualité finale à la passion et à la détermination de chaque membre de l’équipe. Sur ce circuit, ce jour-là, tout le monde était vraiment excité à l’idée de voir un visuel meilleur que le précédent à chaque étape et cela a permis une cohésion entre nous et un engouement pour le projet sans cesse renouvelés.

Traitement et retouche numérique de ma photographie de moto :

La retouche fut l’une des plus rapides sur l’ensemble du dossier. J’ai effectué le traitement des fichiers RAW sur Phocus, le logiciel dédié Hasselblad. Sur les deux photos pressenties à la prise de vue, j’ai choisi celle permettant de mieux voir l’engin et ses parties mécaniques. La seconde était tout aussi dynamique, mais la moto était un peu moins lisible. Le sujet étant de valoriser la moto, le choix fut basé sur ce critère. En premier lieu, j’appliquai le recadrage en 50×70 afin d’avoir le bon ratio (mon appareil dispose d’un capteur qui n’est pas homothétique à ce format). Cela me permit aussi d’affiner le cadrage pour m’approcher un peu de mon sujet et rendre la photographie plus impactante. C’est un des avantages de ce boitier photographique : malgré une définition importante, je peux rééchantillonner à la hausse sans que ce soit notable. Le traitement est un mélange de réduction légère d’exposition -environ 2/3 d’IL- (j’ai tendance à surexposer légèrement quand je travaille non connecté à un poste de capture numérique pour conserver une plage dynamique importante), de récupération légère des ombres et d’un ajout modéré de contraste. Un second développement avec un ajout de clarté me permettra par la suite de faire apparaitre ce calque dans les zones les plus explosives de l’image et conférer un côté très texturé au sable et au binôme moto/pilote en gardant un ciel et des arrières plans lointains plus doux.
Sur Photoshop, j’ai ensuite travaillé par étapes : un nettoyage des petites poussières éventuelles sur le capteur, le retrait d’éléments perturbants sur le sol ou dans l’arrière-plan et enfin un masquage numérique fin en plusieurs passages. Pour ce faire, je crée des calques gris neutre en mode de fusion « incrustation » et je viens masquer avec un pinceau en noir et/ou en blanc à 100% d’opacité et en flux 6%. Je masque souvent plus que nécessaire, puis je diminue l’intensité du calque. Je crée autant de passages qu’il le faut. Ici trois calques. Un premier vient renforcer les ombres des bosses du terrain. Un second crée un léger vignettage et un léger halo sur mon sujet et le dernier rehausse les parties mécaniques de la moto ainsi que les crêtes des projections de sable.
Par la suite je crée deux calques de renforcement pour accentuer encore les contrastes spécifiquement sur certaines zones : un premier calque avec un filtre « passe-haut » réglé assez fortement (autour de 80-120 pixels) puis passé en « incrustation » à 24% d’opacité vient créer un peu de contraste sur la roue avant de la moto. Un second en « lumière tamisée » et à 16% englobe la zone, la moto, le motard et les diverses projections et ajouter un tout petit peu de contraste pour mettre en avant un peu mon motard dans son environnement. Ces deux calques sont ensuite « peints » via des masques de fusion. C’est une méthode que j’affectionne car elle permet une finesse et une approche très organique de la retouche photo. En tout dernier lieu, je supprime les logos des marques extérieures au sport mécanique, qui perturbent la tenue du motard.

Pour revenir vers le sujet 5 : Photographie corporate, cliquez ici. Pour aller vers le dernier sujet : ambiance produit pour catalogue, cliquez ici.

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